HACHIM BAHOUS
D’ailleurs, n’y a-t-il pas plus mortel qu’une vie sans incident ?
Comment se raconter sans rebondissement ?
Comment se connaître sans expérience ?
Comment écrire son histoire sans souvenir ?
Notre vie n’est riche que parce qu’elle est éprouvée, ressentie, contrariée, déjouée. Elle nous oblige à l’inventivité et l’endurance, dans une succession de contractions et d’émotions. Nous en sommes les acteurs, les gardiens et les victimes car nous sommes Sujet, Regardeur et Reflet. Parfois, il arrive que le miroir échappe et qu’il éclate. Le rêve explose en mille brisures qu’il nous faudra ramasser sans trop se couper.
Et puis, il y a ces instants où l’on se dit, d’un coup, que la vie est belle. Ces moments suspendus, pleins et entiers de soi, des souffles d’air pur, des légèretés éphémères, des caresses éternelles.
La vie est une sensation perpétuelle. Elle n’existe que dans l’impalpable des émotions. Une palette aux mille et une matières, aux mille et une couleurs… Il n’y a pas que le noir et le blanc. Il n’y a pas que le bonheur et les emmerdes. Il y a surtout, tous ces moments que l’on passe à se recomposer. Certains sont plus vifs que d’autres. Plus granuleux ou plus en trompe-l’œil. Mais ce n’est pas grave car les déserts blancs mettent en relief les bouquets de couleurs et inversement. Chaque jour répond à l’autre et le tout fait une vie. Une œuvre.
Une œuvre d’art n’est pas seulement une composition de matières et de nuances. Ce sont des heures suées, à travailler le geste, à chercher l’équilibre des masses, à rater sa toile. Des jours à se convaincre, à combiner avec ce que l’on a déjà vécu et ce que l’on veut devenir, à attendre que cela sèche puis se projeter à nouveau dans ce qui est déjà installé. Un œuvre d’Art est une capture de soi. C’est le temps nécessaire pour traduire et transcender une vision du monde et le rendre visible au regard.
À défaut d’être le capitaine de son vaisseau, chaque individu est l’Artiste de sa vie et de ses envies. Tout le monde a quelque chose de précieux et qui n’appartient qu’à lui. Il faudra d’abord accepter ses failles et reconnaître ses forces, pour trouver ce qui nous rend stables et être prêts à endurer au-delà de soi. Une vie pour s’autoriser à vivre et à rayonner de sa propre beauté. Une vie pour se recréer encore et encore.
Il faut de la ténacité pour garder sa ligne ; car n’est Artiste que celui qui prononce l’indicible le premier. N’est Artiste que celui qui monte au front pour dénoncer l’insupportable. L’Artiste est le premier à oser dire et montrer parce que l’insupportable est dépassé. Les premières ronces qui tombent sont souvent les plus blessantes mais ce sont elles qui dégagent le plus de lumière. Il suffit d’une seule voix pour attirer le regard ailleurs. Une seule main levée, un premier pas, pour ouvrir une nouvelle voie.
Les œuvres d’Hachim Bahous, sont des confessions ouvertes sur ce qu’il a traversé pour arriver jusqu’à nous. On y retrouve, les chagrins comme les colères, les nuits blanches et les jours vides mais aussi les joies et les libérations. Chaque touche est une révélation intime et complexe d’instants de vie. La puissance des gestes, la pudeur des surfaces entre elles, les luttes et les superpositions rappellent les méandres qui nous bouleversent quand la tempête souffle dans nos vies. Quand il faut prendre une décision, quand l’hésitation nous tenaille, quand la nostalgie nous assaille… Autant de coup de pinceaux, de collages et de
retouches numériques pour sortir du gouffre victorieux et en vie. Et oui, la vie laisse des traces. C’est là, sa magie. On ne disparaît jamais sans laisser son empreinte quelque part. Parce que nous ne sommes jamais seuls. Si notre vie nous appartient, il y a toujours quelqu’un qui nous regarde. Quelqu’un que nous avons ému un jour…
Alors rassurez-vous, on ne traverse que ce que l’on est capable de traverser. Allez-y, soyez l’artiste de votre vie et vivez !